La Déviation - Janvier 2025 - Marseille (13)
Avant les cris, les coups, les ruptures, il y a souvent un mouvement minuscule, presque imperceptible : l’agacement. Ce trouble inté rieur, socialement accepté, souvent moqué, dissimule des tensions profondes.
Il n’est pas une simple humeur, mais le signal discret d’un déséquilibre plus vaste. Il est parfois l’héritage d’attachements précaires, d’affections très limitées, d’une éducation émotionnelle bancale, viriliste ou silencieuse.
J’ai grandi dans un environnement saturé d’agacements : des corps en tension, des émotions réprimées. Une atmosphère d’impatience, de violences physiques de pa roles tranchées. J’ai vu ces schémas se prolonger à l’âge adulte, dans certaines relations, les voisinages, les cercles de proximité. Comme une contagion. Le mot agacement est apparu comme un mot de seuil.
Il désigne un état, un réflexe, une protection. Il nomme un seuil de rupture, là où le lien devient fragile, là où l’autre dérange. Et c’est justement dans ce mot, plutôt modeste en apparence, que j’ai voulu ouvrir un espace pour comprendre, pour faire entendre ce que l’on tait. Cette recherche est né du besoin d’observer ces tensions si lencieuses, leurs origines, leurs formes contemporaines, et la manière dont elles traversent nos corps. Qu'est ce qui fabrique nos irritations ? Et comment ces irritations nous empechent-elles ?
Cette recherche se déploie comme un laboratoire ouvert de création. Il prend la forme d’une série de rencontres, d’enquêtes, de discussions et d’explorations partagées dans différents types de lieux et multiples médiums.
Les premiers temps d’expérimentation ont été posés avec le 3BisF, centre d’art contemporain situé dans l’hôpital psychiatrique Montperrin à Aix-en-Provence. Dans ce lieu singulier, nous ouvrirons le laboratoire à une diversité de présences : usagers, infirmier·ère·s, visiteurs extérieurs.